Les mécanismes des crises financières
Analyste financier - Nalo
L’ESSENTIEL
- Les crises financières suivent des mécanismes communs
- Ces mécanismes peuvent s’expliquer à la fois par le cycle économique et les comportements des investisseurs
- Ces crises financières ont des conséquences négatives à court terme pour les épargnants et les entreprises
La création d’une bulle
Qu’est-ce qu’une bulle financière ?
Une bulle financière désigne une situation de marché où le cours des titres financiers apparaît comme excessivement élevé en comparaison de leur valeur réelle, c’est-à-dire de la situation financière des entreprises cotées.
Une bulle financière se forme généralement en suivant un mécanisme commun. A l’origine de la bulle, il y a un secteur d’activité en croissance. Les perspectives de profits sur ce secteur sont importantes et la croissance des cours de bourse suit ces perspectives. Mais les investisseurs sont souvent un peu trop optimistes et les cours commencent à croître plus vite que les fondamentaux financiers des entreprises du secteur (CA, profits…).
Les médias vont alors commencer à parler de cet engouement et les investisseurs vont se faire de plus en plus nombreux. Ces investisseurs achètent car ils pensent soit, mal informés, que les cours ne sont pas surévalués, soit, ils sont conscients de cette surévaluation des cours mais pensent pouvoir profiter de cette hausse en spéculant. Les cours vont alors atteindre des sommets et être trop surévalués.
Des investisseurs vont alors commencer à vendre leurs actions pensant que le potentiel de hausse est épuisé. Se produit alors une première baisse des cours qui entraîne un premier vent de panique. Petit à petit, tout le monde va se mettre à vendre par peur de voir les cours continuer à baisser. Les cours se mettent alors à chuter : c’est le moment de l’éclatement de la bulle et de la chute des cours qui vont en quelque sorte opérer un “retour à la normale”.
Nous allons étudier dans le détail tout le mécanisme qui mène à cette situation.
Déconnexion progressive entre les cours et la réalité économique
Incapacité de l’économie à suivre l’emballement des marchés
En économie comme en finance, tous les marchés anticipent. C’est la raison pour laquelle une société cotée dont les marchés ont anticipé les difficultés financières ne voit pas forcément le cours de son action chuter le jour de l’annonce de ses mauvais résultats ! Les marchés les ont anticipés et le cours de l’action les a déjà intégrés.
Lors de la création d’une bulle financière, les bonnes perspectives économiques créent des anticipations de profits intéressantes pour les investisseurs. Mais il arrive que les résultats des entreprises ne soient durablement pas à la hauteur des ambitions et anticipations des marchés financiers et que les cours de bourse augmentent trop par rapport aux perspectives de profits. C’est notamment ce qu’il s’est passé lors de la crise de 1929.
On peut remarquer sur ce graphique que les cours de l’indice Dow Jones suivent globalement la tendance de la production industrielle jusqu’en 1925. Mais, on observe clairement qu’à partir de cette date, la production industrielle se met à stagner alors que les cours de bourse augmentent très rapidement. Si l’on considère que les profits des entreprises suivent globalement la tendance économique nationale, ce qui était le cas à l’époque, on peut alors observer une claire surévaluation des titres fin 1929, à la veille du fameux krach boursier.
D’un point de vue économique, les entreprises n’ont pas réussi à augmenter voire même à écouler leur production puisque des stocks importants se créent dès 1925. Le fait que la croissance des cours de bourse précède la croissance de la production n’est pas inquiétant en soi car tous les marchés anticipent. Mais dans les années 1920, la croissance de la production a priori anticipée par les marchés ne s’est jamais produit, ce qui a créé la bulle financière. Durant toute la période des années 1920, la production industrielle américaine a progressé de 50% quand les cours de bourse progressaient sur la même période de 300% !
Un excès d’optimisme et des comportements qui deviennent “mimétiques” et émotionnels
Les plus graves crises financières sont pratiquement tout le temps précédées de périodes de très fortes hausses des marchés qui rendent les actifs surévalués. Cela est notamment dû aux comportements spéculatifs et mimétiques de certains investisseurs. Certains spéculateurs ne s’intéressent plus aux fondamentaux des entreprises dans lesquelles ils investissent mais spéculent uniquement car ils voient les prix des actions augmenter et qu’ils anticipent le fait que cette hausse va continuer. L’émotionnel prend le pas sur l’analyse !
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C’est notamment ce qui s’est passé lors de la bulle internet.
Vers la fin des années 1990, le développement d’internet offrait de nouvelles perspectives en termes de croissance et de profits pour de nombreuses sociétés cotées au Nasdaq. C’est ce que montre l’envolée des cours entre 1997 et 2000. Les médias se sont alors emparés de cette frénésie et ont commencé à inciter directement et indirectement les épargnants à placer leur argent dans ces nouvelles sociétés.
On retrouve alors là une caractéristique importante des bulles qui est la frénésie médiatique et populaire qui l’entoure. Lorsque tout le monde se met à parler d’une action ou de quelques valeurs en particulier, c’est que l’emballement prend le pas sur le rationnel et qu’il est généralement le moment de vendre ! D’ailleurs, dans le cas de la bulle internet, on observe que la chute des cours correspond tout simplement à un retour au niveau des cours qui précédaient la bulle.
Le déclenchement de la crise
Un événement difficile à anticiper
Comme nous venons de le voir, les créations de bulles financières ont des caractéristiques communes. Cependant, s’il est possible de se rendre compte de la création d’une bulle spéculative, très peu de signes permettent dans la pratique de prédire le moment de son éclatement.
Le moment du krach
Des marchés financiers qui souvent sur-réagissent
Lors d’un krach, le mouvement des marchés financiers fonctionne un peu comme un ressort ! Un ressort étiré que l’on lâche va d’abord passer par de nombreuses phases d’oscillement, avant de retrouver sa position initiale. Dans un premier temps, les cours vont chuter plus qu’ils ne le devraient si les acteurs étaient parfaitement rationnels, avant de revenir finalement à une position considérée comme “normale”. On parle de “retour à la moyenne”.
D’ailleurs, lors d’un krach, les cours retrouvent le plus souvent assez vite leurs niveaux d’avant-crise.
Ce graphique nous montre l’évolution historique des cours de l’indice Dow Jones. On peut remarquer que lors de la grande majorité des crises financières, l’indice Dow Jones a mis moins de 3 ans à retrouver ses plus hauts niveaux d’avant-crise. Les pertes des épargnants ont donc finalement été comblées relativement vite ! A ce titre, 1929 et 2008 font figure d’exception car le Dow Jones a mis respectivement 25 ans et 7 ans à retrouver ses niveaux d’avant-crise…
Des Krachs à la gravité variable
Ce graphique montre l’ampleur des différentes phases de hausse et de baisse de l’indice S&P 500 depuis 1945. On remarque que les krachs ont des ampleurs extrêmement variables et qu’il n’existe pas de tendance significative concernant cette ampleur. La gravité des crises est relativement aléatoire et les crises financières récentes ne sont ni plus graves ni moins graves que par le passé.
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Les conséquences des crises financières
La chute des cours entraîne des difficultés de financement à court et moyen terme pour les entreprises
Tout d’abord, lors des crises financières, les moyens de financement direct des entreprises sont partiellement coupés.
Une entreprise qui ne veut ou ne peut pas mobiliser ses fonds propres a en effet deux grands moyens directs à sa disposition pour financer ses projets d’investissement à savoir l’émission obligataire et le financement par émissions d’actions.
Lors d’une crise financière, la crise de confiance des investisseurs vis-à-vis des entreprises qui ont vu leurs cours de bourse chuter fait que les émissions obligataires sont plus compliquées et les taux d’intérêt ont tendance à augmenter. Cette situation aggrave les difficultés financières des entreprises.
Enfin, le cours des actions ayant chuté, le financement direct par émission d’actions rapporte moins et est également plus difficile. Pour un même nombre d’actions émises sur le marché, l’entreprise en question lèvera beaucoup moins de fonds…
Le financement indirect, via les prêts bancaires, est également plus compliqué. Les banques doutant des capacités financières des entreprises leur prêtent beaucoup moins en durcissant leurs conditions d’obtention de crédit, ce qui a souvent pour effet d’aggraver leur situation financière et rend les banques encore plus réticentes à leur prêter…
Des chutes de cours qui créent des moins-values latentes pour les épargnants
La chute des cours de bourse entraîne des pertes en capital pour les épargnants ainsi qu’un manque à gagner dû à la réduction du montant des dividendes versés à court terme. Mais il ne faut jamais perdre de vue qu’en bourse comme ailleurs, on n’a en réalité rien perdu tant que l’on n’a pas vendu ses actions !
Or, comme nous l’avons vu précédemment, les cours de bourse suite à une crise se relèvent souvent assez rapidement. Les pertes (virtuelles !) des épargnants ne durent donc qu’un temps et sont souvent assez rapidement comblées à moyen terme. Lors des crises financières, la meilleure chose à faire est donc de ne pas paniquer et de ne rien faire.
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