Dans un contexte de marché incertain, les produits structurés attirent de plus en plus d’épargnants en quête de rendement alternatif. Parmi les produits structurés les plus répandues figurent les produits Athéna et Phoenix, deux approches différentes reposant sur des mécanismes conditionnels de performance, de protection et de versement de coupons.
Le fonctionnement des produits structurés Athéna
Les produits structurés Athéna sont une grande catégorie de produits structurés. Ils ont pour caractéristiques communes le remboursement anticipé du capital et des coupons si le sous-jacent dépasse son niveau initial (“autocall”) à une date d’observation.
Lors du remboursement, les coupons (rendement) sont versés en fonction du nombre d’années écoulées à un taux initialement défini.
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À noter que la catégorie Athéna n’est pas homogène
Il existe de nombreux types de produits structurés, au fonctionnement bien différent, notamment au niveau du niveau de protection du capital. Mais, ils ont généralement en commun le rappel automatique et le versement de coupon par année écoulée.
Un remboursement anticipé du capital conditionné par la hausse du sous-jacent
À chaque date d’observation (le 1er jour de Bourse de l’année par exemple), si le sous-jacent est supérieur à sa valeur initiale (ou à une valeur définie dans le contrat) :
- Le produit est automatiquement remboursé (rappel automatique ou “autocall”) ;
- Le produit verse un coupon à un taux défini multiplié par le nombre d’années écoulées avant le rappel (par exemple, 6 % par année écoulée). Les fractions d’années sont également payées au pro rata temporis.
Autrement dit, un produit structuré Athéna sous-tend une logique défensive, utile pour générer du rendement dans une situation où la valeur du sous-jacent reste relativement stable, mais avec une perspective d’évolution à la hausse.
Avec un produit structuré Athéna, tant que la valeur du sous-jacent n’évolue pas au-dessus de sa valeur initiale, l’investisseur engendre un gain potentiel par année écoulée.
À titre de comparaison, si le sous-jacent avait été détenu en direct, sa baisse ou sa stabilité se serait traduite par une perte ou une absence de gain pour l’investisseur.
Toutefois, il faut absolument que le sous-jacent dépasse son seuil initial avant l’échéance pour engendrer des coupons.
Certains mécanismes, dégressivité du seuil (ou de la barrière) de rappel ou airbag, peuvent contribuer à accroître la probabilité d’obtenir ce gain.
Le risque de perte en capital à l’échéance des produits structurés Athéna
Si le produit Athéna n’a pas été remboursé par anticipation, le scénario de rendement d’un produit Athéna dépendra de la valorisation du sous-jacent.
- Si le sous-jacent dépasse une certaine valeur, le produit est remboursé avec le versement de coupon par année écoulée ;
- Mais, si le sous-jacent diminue en dessous d’une certaine valeur (seuil de protection), cela peut se traduire par une perte de capital à l’échéance pour l’investisseur.
Le seuil de protection est exprimé le plus souvent en pourcentage de la valeur initiale du sous-jacent. À l’échéance du produit :
- Si la valeur du sous-jacent est supérieure au seuil de coupon : le produit sera remboursé et les coupons seront bien versés.
- Si la valeur du sous-jacent est inférieure au seuil de coupon, mais au-dessus du seuil de protection : le capital est remboursé dans son intégralité, mais les coupons ne sont pas attribués ;
- Si la valeur du sous-jacent est inférieure au pourcentage de la barrière de protection : le capital n’est plus protégé contre la perte. Le capital est alors remboursé partiellement en fonction de la valeur du sous-jacent par rapport à son niveau initial ;
- Si la valeur du sous-jacent tombe à zéro : la perte peut donc être totale.
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Conseil de Nalo
Au-delà des risques propres à l’évolution du sous-jacent, il faut tenir compte des autres risques propres aux produits structurés tels que la liquidité, le coût d’opportunité (si le produit n’est jamais rappelé avant l’échéance, on rate d’autres opportunités d’investissement, potentiellement plus rémunératrices), la contrepartie (si l’émetteur du produit fait faillite…).
Exemple de produit structuré Athéna
Pour mieux comprendre le fonctionnement d’un produit structuré Athéna prenons l’exemple de ce produit aux caractéristiques suivantes :
Élément | Détail |
Sous-jacent | Indice Euro Stoxx 50 |
Durée maximale | 8 ans |
Fréquence d’observation | Annuellement |
Coupon conditionnel | +7% par année écoulée si rappel |
Barrière de rappel anticipé | 100% du niveau initial |
Barrière de protection du capital à l’échéance | 50% du niveau initial |
Capital garanti ? | Non (protection conditionnelle) |
Émetteur | BNP Paribas (exemple) |
Ensuite, il faut envisager les différents scénarios possibles d’évolution du sous-jacent.
Moment d’observation | Niveau du sous-jacent | Conséquence pour l’investisseur |
Date anniversaire (année 1, 2, etc.) | Supérieur ou égal à 100 % du niveau initial | Rappel anticipé automatique : remboursement du capital + 7 % par année écoulée |
Date anniversaire | Inférieur à 100 % | Pas de rappel : le produit continue jusqu’à l’observation suivante |
Échéance finale (année 8) | Supérieur ou égal à 100 % | Remboursement du capital + 56 % de gain (7 % × 8 ans) |
Échéance finale | Entre 50 % et 99,99 % | Remboursement du capital uniquement, sans aucun gain |
Échéance finale | Inférieur à 50 % | Perte en capital proportionnelle à la baisse du sous-jacent |
Fonctionnement des produits structurés Phoenix
Les produits structurés Phoenix constituent une autre grande catégorie de produits structurés. Leur fonctionnement repose sur le versement régulier de coupons, même lorsque le sous-jacent évolue sous son niveau initial, à condition qu’il reste au-dessus d’un certain seuil (barrière de coupon).
Le plus souvent, les coupons sont distribués lors de chaque constatation, mais ils peuvent aussi n’être versés qu’au remboursement du produit. En général, le capital est protégé à l’échéance sous condition de performance minimale du sous-jacent (barrière de protection en capital).
Contrairement aux produits Athéna, le Phoenix ne nécessite pas que le sous-jacent dépasse sa valeur initiale pour générer du rendement : les coupons peuvent être versés même en cas de marché baissier modéré.
En revanche, le mécanisme de rappel automatique peut être présent ou non selon les versions.
Un rendement conditionnel régulier, même sans hausse du sous-jacent
Le fonctionnement d’un produit structuré Phoenix repose sur une observation périodique (mensuelle, trimestrielle ou annuelle) de la performance du sous-jacent. À chaque date d’observation :
- Si le sous-jacent est au-dessus de la barrière de coupon (par exemple 60 % du niveau initial), le produit verse un coupon prédéfini (par exemple 1 % par trimestre ou 6 % par an) ;
- Sinon, aucun coupon n’est versé à cette date.
Certains produits prévoient le rattrapage des coupons non versés (“effet mémoire”) : si un coupon n’a pas été versé à une ou plusieurs dates, il peut être payé ultérieurement dès que la condition est remplie à nouveau.
Ce type de structure permet donc de générer un rendement même si le sous-jacent baisse légèrement, tant qu’il reste au-dessus du seuil de versement des coupons. Cela en fait un produit particulièrement adapté à un marché baissier modéré ou latéral (stable ou en “range”).
Le risque de perte en capital des produits structurés Phoenix
À l’instar des produits Athéna, les produits Phoenix présentent un risque de perte en capital, généralement conditionné par la performance du sous-jacent à l’échéance.
À l’échéance du produit :
- Si la valeur du sous-jacent est supérieure ou égale à la barrière de protection, le capital est remboursé intégralement ;
- Si la valeur du sous-jacent est inférieure à la barrière de protection, le capital est remboursé en fonction de la performance finale du sous-jacent ;
- Autrement dit, en cas de forte baisse, l’investisseur peut perdre une partie, voire la totalité de son capital.
La barrière de protection est le plus souvent fixée entre 40 % et 60 % du niveau initial du sous-jacent.
Exemple de produit structuré Phoenix
Comme pour Athéna, prenons un exemple de produit structuré Phoenix aux caractéristiques suivantes :
Élément | Détail |
Sous-jacent | Indice Euro Stoxx 50 |
Durée maximale | 8 ans |
Fréquence d’observation | Trimestrielle |
Coupon conditionnel | 1,5 % par trimestre (6 % par an) |
Barrière de versement des coupons | 60 % du niveau initial |
Barrière de protection du capital | 50 % du niveau initial |
Effet mémoire sur les coupons | Oui |
Capital garanti ? | Non (protection conditionnelle) |
Émetteur | Société Générale (exemple) |
Pour comprendre le comportement du produit structuré Phoenix, il faut envisager les différents scénarios possibles d’évolution du sous-jacent.
Moment d’observation | Niveau du sous-jacent | Conséquence pour l’investisseur |
Trimestre donné | Inférieur à 60 % | Aucun coupon versé, mais effet mémoire si condition remplie plus tard |
Trimestre donné | Supérieur ou égal à 60 % | Versement du coupon (1,5 % + coupons précédents potentiels si effet mémoire) |
Échéance finale (année 8) | Supérieur ou égal à 50 % | Remboursement intégral du capital |
Échéance finale | Inférieur à 50 % | Perte en capital proportionnelle à la baisse du sous-jacent |
Tableau comparatif des produits structurés Athéna et Phoenix
Critère | Produit structuré Athéna | Produit structuré Phoenix |
Objectif principal | Générer un gain différé, avec rappel automatique | Générer un revenu régulier, sous conditions |
Versement des coupons | À la date de rappel anticipé (ou à l’échéance), en une fois | À chaque période d’observation si la condition est remplie, sauf si Phoenix capitalisant |
Condition de versement des coupons | Le sous-jacent doit être ≥ 100 % du niveau initial | Le sous-jacent doit être ≥ à une barrière de coupon (ex. 60 %) |
Effet mémoire sur les coupons | Non (le coupon est unique, lié au rappel) | Oui, souvent présent sur les sous-jacents actions : coupons non versés peuvent être rattrapés |
Rappel anticipé automatique (autocall) | Oui, systématique, souvent chaque année | Parfois présent, mais pas systématique |
Logique de rendement | Rendement différé, plus le rappel est tardif, plus le gain est élevé | Rendement périodique, même en cas de stagnation ou de légère baisse |
Protection du capital | Conditionnelle, barrière à l’échéance (ex. 50 %) | Conditionnelle, même logique qu’Athéna |
Comportement en marché latéral | Rendement différé, si rappel n’est jamais activé, aucun gain | Coupons versés régulièrement, rendement maintenu |
Comportement en marché baissier modéré | Aucun gain si pas de rappel | Coupons possibles tant que le sous-jacent reste au-dessus de la barrière de coupon |
Risque principal | Perte en capital si le sous-jacent chute sous la barrière à l’échéance | Idem |
Public cible | Investisseurs cherchant un gain différé à la sortie | Investisseurs cherchant un revenu régulier conditionnel |
Exemple comparatif chiffré entre un produit structuré Athéna et Phoenix
Pour mieux comprendre le fonctionnement de ces produits, prenons un exemple chiffré concret comparant un produit structuré Athéna et un produit structuré Phoenix, à partir d’un capital initial de 10 000 € sur une période de 8 ans.
Les deux produits structurés présentent les caractéristiques suivantes :
Élément | Produit structuré Athéna | Produit structuré Phoenix |
Capital initial | 10 000 € | 10 000 € |
Sous-jacent | Euro Stoxx 50 | Euro Stoxx 50 |
Durée maximale | 8 ans | 8 ans |
Fréquence d’observation | Annuelle | Annuelle |
Coupon conditionnel | 7 % par an en cas de rappel | 1,5 % par trimestre (soit 6 % par an), avec effet mémoire |
Barrière de rappel | 100 % du niveau initial | Non applicable (pas de rappel) |
Barrière de coupon | Non applicable | 60 % du niveau initial |
Barrière de protection du capital | 50 % du niveau initial | 50 % du niveau initial |
Supposons l’évolution suivante du sous-jacent (Euro Stoxx 50) par rapport à son niveau initial et les événements générés du côté de chaque produit structuré :
Année | Niveau du sous-jacent | Événement produit Athéna | Événement produit Phoenix |
Année 1 | 95 % | Pas de rappel (sous-jacent < 100 %) | Coupon versé (sous-jacent > 60 %) |
Année 2 | 92 % | Pas de rappel | Coupon versé (6 %) |
Année 3 | 88 % | Pas de rappel | Coupon versé (6 %) |
Année 4 | 97 % | Pas de rappel | Coupon versé (6 %) |
Année 5 | 101 % | Rappel automatique donc remboursement capital + 35 % de gain (7 x 5 %) | Coupon versé (6 %) |
Année 6 | 95 % | Produit déjà remboursé donc aucun événement | Coupon versé (6 %) |
Année 7 | 94 % | Produit déjà remboursé donc aucun événement | Coupon versé (6 %) |
Année 8 (T4) | 45 % | Produit déjà remboursé donc aucun impact | Perte en capital de 55 % (sous-jacent < barrière 50 %) |
Résultat pour l’investisseur dans le produit Athéna :
- Les 4 premières années, le sous-jacent reste < 100 % donc pas de rappel.
- En année 5, le sous-jacent ≥ 100 % ce qui entraîne le rappel automatique.
- Gain : 7 % × 5 = 35 %, soit 3 500 €
- Remboursement : 10 000 € + 3 500 € = 13 500 € versés à l’investisseur
Le rendement net est donc de +35 % sur 5 ans.
Résultats pour l’investisseur dans le produit Phoenix :
- À l’échéance, sous-jacent < barrière de protection donc perte de 55 %
- Capital remboursé : 4 500 €
- Coupons perçus avant la chute (pendant 7 ans) : 4 200 €
- Montant total reçu : 4 500 € + 4 200 € = 8 700 €
Le rendement net est donc de -13 % sur huit ans.
Conclusion : bien choisir entre un produit structuré Athéna ou Phoenix
Les produits structurés Athéna et Phoenix reposent sur des logiques de rendement différentes, bien qu’ils partagent un socle commun : un capital non garanti, mais protégé sous conditions, une dépendance à la performance d’un sous-jacent, et une forte technicité.
Le produit Athéna s’adresse à des investisseurs à la recherche d’un gain différé, souvent plus important si les marchés restent stables ou montent modérément avant une reprise. Il mise sur un scénario de hausse progressive, permettant un rappel anticipé avec rendement cumulé.
Le produit Phoenix, à l’inverse, est conçu pour offrir un revenu régulier, même en cas de stagnation ou de légère baisse des marchés.
Il convient mieux aux profils recherchant une forme de rendement périodique conditionnel, mais qui acceptent d’exposer leur capital en totalité jusqu’à l’échéance. Toutefois, chaque année où le produit dépasse la barrière de coupon à la date de constatation, aucun coupon n’est distribué.
Pour pallier ce problème, certains produits Phoenix, comme le Nalo Rivage (produit structuré Phoénix capitalisant à effet mémoire) intègre un “effet mémoire” permettant de rattraper les années où les coupons n’auraient pas été distribués lorsque les conditions de cotation du sous-jacent sont réunies.
Ce fonctionnement augmente le potentiel de rendement du produit structuré en limitant le coût d’opportunité lié à la perte définitive de coupon.
Dans tous les cas, ces produits présentent un risque de perte en capital en cas de chute sévère du sous-jacent à l’échéance, et nécessitent une bonne compréhension de leur fonctionnement, de leur horizon de placement, et des risques associés.
Avant d’investir, il est essentiel d’analyser le scénario de marché envisagé, son besoin en liquidité, ainsi que sa tolérance au risque. Et surtout, de ne jamais investir dans un produit structuré dont on ne comprend pas parfaitement la mécanique.
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